Vivre une crise sanitaire en tant qu’Expat

Depuis quelques jours, certains amis, ancien collègues, nous demande comment ça va et comment ça se passe pour nous ici, au Vietnam.

C’est agréable de recevoir ces messages – Ca a du bon le confinement, puisque quand on s’ennuie, une des activités qui revient le plus est de contacter ses proches.

Le Civid-19 au Vietnam

Comme on le sait tous, le virus a fait son apparition en Chine.

Le Vietnam a environ 1300km de frontière avec la Chine et les échanges sont extrêmement nombreux.

Le pays fait 331 210 km2 et il y a plus de 95 millions d’habitants.

Et pourtant, lors de la 1ère vague de virus en Chine, le Vietnam n’a eu que 16 cas, tous soignés.

Aujourd’hui, avec la 2ème vague du Virus qui vient d’Europe, le Vietnam ne compte que 125 cas, y compris les 16 cas du début. De plus, le pays ne décompte encore aucun mort.

Alors pourquoi au Vietnam, il y a eu si peu de cas par rapport à l’Europe ? Est-ce seulement parce que les Vietnamiens font plus attention ?

Il est vrai que la crise est gérée d’une façon très militaire.

Dès l’apparition des 1ers cas, le Vietnam a fermé sa frontière avec la Chine, et a mis en quarantaine le foyer de la maladie, une petite ville dans le nord du Pays.

Les écoles de TOUT le pays ont été fermées (ou plutôt elles n’ont pas re-ouverte après les vacances de Têt, le nouvel an chinois).

Beaucoup d’usines ont été elles-aussi fermées.

Les Vietnamiens, qui portent déjà des masques pour la pollution mais aussi quand ils sont malades (pour protéger leur entourage), ont commencé à porter un peu plus de masque. Mais la vie était à peu près la même, à cela près que le gouvernement a beaucoup communiqué sur le Virus, faisant souvent trop peur à la population, et en expliquant qu’il fallait bien se laver les mains et porter un masque. Il a été demandé à un groupe leader de musique d’adapter le titre phare du moment pour éduquer la population tout en s’amusant.

https://www.facebook.com/updatedcovidinfo/videos/634118313859686/

La chanson avec les sous-titres

Cette chanson a été adaptée des centaines de fois et la chorégraphie (qui explique comment se nettoyer les mains) est connue de tous (nos enfants la connaissent par cœur)

Bon, à ce moment-là, on trouvait que les mesures étaient un peu trop strictes. TOUTES les écoles de TOUT le pays fermées alors qu’il n’y avait que quelques cas, c’était difficile à digérer.

Et puis, le vendredi, on ne savait jamais si elles seraient re-ouvertes le lundi suivant. Alors, on vivait vraiment au jour le jour et l’école a mis peu de choses en place, mais je reviendrais sur ce point plus tard.

La 2ème vague a démarrée début Mars avec une première Vietnamienne revenue de UK, puis se sont ajoutés les Etudiants Vietnamiens qui sont rentrés au pays, avec le virus et les touristes porteurs du virus.

Là, des mesures impressionnantes ont été mises en place. Toutes les personnes des vols dans lesquels avait voyagée une personne porteuse du virus ont été recherchée, testées. Ceux qui étaient porteurs du virus ont dû détailler leur agenda, et des recherches et tests ont été faits sur les personnes qui avaient pu être en contact avec ces personnes (qui parfois, n’avaient aucun symptôme). Les bars ou restaurants fréquentés ont été fermés, mis en quarantaine, ainsi que le personnel de ces établissements.

Et les Vietnamiens sont tellement responsables que les gens qui auraient pu être en contact même de loin avec une personne infectée se sont mis d’eux-mêmes en quarantaine, sachant qu’ils ne toucheraient plus leur salaire.

Quant aux étudiants Vietnamiens rentrés au pays, ils ont été eux-aussi mis en quarantaine. Attention, ce n’est pas la quarantaine 4* comme on peut en entendre parler, ça ressemble plutôt à un camp militaire.

Très rapidement, les frontières ont été fermées, les Visa annulés, ou plus autorisés, les sites touristiques ont été fermés. Beaucoup d’Homestay ont été fermés, ainsi que les restaurants. Les listes des voyageurs de tous les vols impactés par le virus ont été publiées et données à tous les acteurs du tourisme (même notre dentiste nous a demandé si on connaissait des personnes dans les listes !).

Tous les cas sont vraiment suivis et on sait où ils sont. L’information est transparente, comme on peut le voir ici : https://facebook.com/updatedcovidinfo/

Bon, soyons clairvoyant, le nombre de cas est limité (et le nombre de mort est nul) aussi du fait que les Vietnamiens voyagent beaucoup moins que les Européens, et que la population est beaucoup plus jeune : l’âge moyen au Vietnam est de moins de 30 ans !

Alors ici, on se sent super « safe » comme on dit !

Nous n’avons aucune envie de retourner dans un pays ou le Virus est à tous les coins de rue et où il faut rester confiné.

Notre seul souci, pour rester ici, c’est le Visa.

En attendant notre carte de résident et le visa qui va avec, nous sommes tous sur les visas touristiques, de 3 mois.

Cela veut dire, que tous les 3 mois (max), nous sortons du pays (en général pendant les vacances scolaires des enfants) et nous re-rentrons pour avoir un nouveau Visa de 3 mois.

Malheureusement, nous avions l’intention de re-faire notre visa à la fin du mois de Mars, mais avec les frontières fermées, il n’est plus possible de sortir (quoi, plutôt de re-rentrer).

Cela nous a fait passer quelques nuits difficiles et pas mal de recherches puisqu’au début, nous n’avions comme solution qu’une extension de 3 mois pour la modique somme de 350$ par personne.

Nous avons finalement opté pour une extension d’un mois pour 140$ par personne en croisant les doigts pour qu’on puisse sortir le mois prochain.

La gestion au quotidien 

A la question : « Pas trop dur, la gestion au quotidien avec les enfants depuis si longtemps ? » je réponds : « oui, bien sûr, c’est épuisant ! »

Alors imaginez avec 3 🙂

Nous n’avons pas de famille ici, pour garder ou nous aider avec les enfants. Nous avons déjà un budget serré, surtout avec les problèmes de Visa, donc on ne peut pas se permettre trop d’extra ou les gardes ou de l’aide. Surtout que cette crise a un coût !

J’avais lancé mon activité, mais je ne peux plus du tout travailler : perte importante puisque nous avions déménagé et augmenté notre loyer en fonction de ce revenu supplémentaire.

Nous avons les enfants 24/7. Il est donc difficile de bosser (pour Sven), faire bosser les enfants, s’en occuper, et en plus faire les courses, les repas…. Alors on mange souvent à l’extérieur et notre budget repas a carrément augmenté, surtout que l’école ne nous rembourse pas la cantine !

Concernant l’éducation, rappelons que nous enfants sont dans une école internationale, qui représente la partie la plus importante de notre budget, et on s’attendait donc à une bonne gestion de la crise et des alternatives de qualité.

Malheureusement, comme quelques écoles apparemment, la situation a été assez mal gérée, probablement dû au fait qu’au début, tout le monde pensait que ça n’allait pas durer.

Nous recevions des tonnes d’emails, pas du tout adaptés à des none-English native speakers, ni à des parents d’ailleurs, qu’il fallait « transcrire » pour faire travailler nos enfants. Il faut savoir que, contrairement à la France, à partir du primaire, les enfants ont un « prof principal », un prof de dessin, un prof de sport, un prof de français, un prof d’anglais (renforcement). Alors, on recevait minimum 5 long emails * le nombre d’enfants par jour. (J’ai compté et nous avons reçu 52 emails la semaine dernière !)

Les parents et les enfants n’en pouvaient plus.

L’école n’a mis en place des « online-sessions » seulement au bout d’un mois !

E les enfants n’ont pas de livre scolaire, ce qui n’aide pas pour les devoirs.

Aujourd’hui, c’est un peu mieux, les enfants reçoivent des pochettes d’activités distribuées en début de semaine, activités accompagnées de sessions en ligne, mais cela fait 8 semaines que nous faisons du home-schooling et ils en ont vraiment marre. D’autant plus que ce sont principalement des révisions et non de l’apprentissage.

Tous les matins, je suis partagée en 3, à aider notre ainé avec son travail et ses sessions en-ligne, faire travailler le 2ème qui ne lit pas encore et trouver et faire des activités avec notre petite de 4 ans. Puis il faut trouver des activités pour tout le monde l’après-midi. La différence avec l’année dernière, c’est qu’aujourd’hui, nous subissons cette situation alors que l’année dernière, elle était choisie et que c’est moi qui choisissais les activités des enfants. Là, il y a la pression de faire le travail demandé.

Alors heureusement, nous ne sommes pas confinés, nous sortons un peu, le plus souvent à la plage ou dans les rizières pour faire du vélo et du cerf-volant. Nous pratiquons le social distancing ce qui veut dire qu’on fait attention à qui on côtoie et où on va ; on porte nos masques, et on se lave les mains quand il faut.

La saison actuelle est la meilleure ici, il fait encore doux, mais assez chaud pour aller à la plage ou la piscine. Les champs de riz sont magnifiques et c’est très apaisant.

On se dit qu’on a quand même de la chance d’être ici pendant une telle période.

Pour le moment, un des seul points négatifs est que l’école ne veut faire aucun remboursement.

Mais bon, c’est une autre histoire :p

Et notre organisation commence à me laisser du temps pour moi !

Je suis arrivée à écrire cet article entier en peu de temps, sans trop de coupures dues au sollicitations des enfants !

Publicité

Une réflexion sur “Vivre une crise sanitaire en tant qu’Expat

  1. Pouratlefaire dit :

    Salut Kathy, bravo pour cet article complet et très intéressant !!!

    Prenez soin de vous! Bien gérée la crise au Vietnam va peut-être moins durer!?

    La bise!
    Geraldine xavier et Mathilde
    #pouratlefaire

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s